Marche arrière toute, sur le CPF ! Après avoir fait la promotion du CPF, encouragé les actifs à ouvrir leur Compte Personnel de Formation, et à l’utiliser de manière autonome, voilà que le gouvernement recule. Les français se seraient-ils trop formés ? Emmanuel Macron, défenseur du droit à la formation tout au long de la vie, considère-t-il que le CPF soit mal utilisé ? Les français agiraient sans réfléchir ?
À l’origine du CPF
Après le DIF (Droit Individuel à la Formation), le 1er janvier 2015 entre en vigueur le CPF. Alors présenté en heures, il présente de nombreux avantages par rapport à son ancêtre. En effet, si l’utilisation du DIF était soumise à l’accord de l’employeur, le CPF peut se mobiliser sur une initiative individuelle. De plus, en cas de changement d’employeur, les acquis ne sont pas perdus puisque le CPF est rattaché à la personne et non au contrat de travail.
L’objectif visé était clair : inciter les actifs à se former ! On parlait beaucoup de formation tout au long de la vie. Le gouvernement de l’époque souhaite faciliter l’accès aux dispositifs visant à accompagner les évolutions et transitions professionnelles.
2019 : Un nouveau cap
Le 1er janvier 2019, le CPF subit une évolution majeure qui s’intègre dans le cadre de la Loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel, promulguée par Emmanuel Macron. Pour plus de lisibilité, le CPF n’est plus libellé en heures, mais en euros. Une application numérique est développée, permettant ainsi un accès facilité, notamment pour ceux qui ne disposeraient pas d’ordinateurs.
De nombreuses campagnes publicitaires, sur l’ensemble des médias, promeuvent le CPF. Elles encourageant les actifs à ouvrir leur Compte Personnel de Formation. Il faut dire qu’à l’époque, le CPF connaissait un gros déficit de notoriété. Un peu moins d’un tiers des actifs déclarait avoir procédé à l’ouverture de leur CPF en ligne.
L’engouement pour le CPF
Les français ont compris la nécessité de se former pour conforter leur employabilité. Ils ont voulu se reconvertir, préparant leur projet en réalisant un bilan de compétences. Les français ont cherché à obtenir des diplômes, par la formation comme par la VAE. Bref, les français ont suivi les encouragements du Gouvernement, ils ont ouvert leur CPF et ils ont utilisé leur CPF !
Le nombre de formations financées par le biais du CPF a doublé entre 2020 et 2021. Elles sont passées d’environ 500.000 à près d’un million en seulement un an. Un véritable succès … qui aujourd’hui semble poser problème.
Un système déficitaire
Dès 2020, France Compétences, l’instance qui coordonne à la fois le CPF et l’apprentissage, annonçait des déficits. Ce déficit est en baisse, depuis trois ans, (4,6 Mds€ en 2020, 2,9 Mds€ en 2021 et 2,1 Mds€ en 2022) mais reste toutefois élevé. Du coup, le gouvernement cherche des solutions pour financer sa promesse d’élévation du niveau de compétences de la population active. L’apprentissage pèse lourd dans la note et la Cour des Comptes a tiré la sonnette d’alarme.
Face à cette situation, de nombreuses rumeurs couraient, ces dernières semaines. Plusieurs pistes de réduction du déficit ont été envisagées.
La douche froide
Ce samedi 10 décembre 2022, la couperet est tombé. Un amendement a été déposé, visant à créer un « reste à charge » pour ceux qui voudraient utiliser leur CPF pour se financer un bilan de compétences, une VAE ou une formation. L’objectif est clair : réduire le nombre de prestations financées par le CPF. Après avoir encouragé à la formation, c’est l’inverse que l’on recherche maintenant. On ne sait pas encore dans quelle proportion le bénéficiaire devra mettre la main à la poche, mais nul doute que cela freinera les plus démunis.
L’un des concepteurs de la réforme du CPF, Antoine Foucher, estime que la mise en place d’un reste à charge « détournerait les ouvriers, les employés » du CPF, alors que « le succès populaire de l’application CPF consiste justement à avoir rendu, enfin, la formation facilement accessible aux personnes non-cadres (82 % des usagers) ». Certains considère que le CPF est un droit et qu’instaurer un reste à charge est une atteinte à ce droit.
À quoi s’attendre ?
Selon les Echos, le reste à charge serait situé entre 20% et 30% du montant de la prestation ou formation retenue. La fédération Les Acteurs de la compétence milite pour un forfait de 10% du crédit CPF. Elle précise que ce reste à charge ne devrait pas s’appliquer aux demandeurs d’emploi, ni aux ouvriers et employés.
Quelle que sera la décision du gouvernement ? Nous ne pouvons que conseiller aux personnes ayant un projet de formation, de bilan de compétences ou de VAE, d’engager la démarche dès que possible !