Nous connaissons tous les effets néfastes de l’obésité sur la santé mais savez-vous que l’infobésité fait aussi des ravages ? Ce terme vous est inconnu ? Vous allez vite comprendre de quoi il s’agit !
Ce néologisme, revendiqué par les Américains et les Canadiens, sert à désigner le sentiment de trop-plein, d’overdose d’informations qui nous envahit aujourd’hui et donne naissance à une nouvelle pathologie. Une surcharge non pas pondérale, mais « informationnelle ».
Caroline Sauvajol-Rialland est professeur à Sciences Po Paris et maître de conférence à l’Université Catholique de Louvain (UCL) et dirige So Comment, cabinet conseil en gestion de l’information en entreprise. Elle intervient en qualité de formatrice – notamment pour le CFPJ et le CELSA – et conduit une recherche doctorale sur « Les conséquences de la surcharge informationnelle sur la fonction décisionnelle du cadre dans l’organisation« . Caroline Sauvajol-Rialland est l’auteure de « Infobésité : comprendre et maîtriser la déferlante d’informations » (Editions Vuibert, mai 2013).
Le premier chapitre de ce livre aborde le rôle stratégique de l’information dans l’entreprise, notamment pour la prise de décision, la gestion des connaissances et la collaboration.
Le deuxième chapitre présente les enjeux reliés à l’accroissement phénoménal de l’information, ou inflation informationnelle. Mme Sauvajol-Rialland explique qu’il n’y a pas que surcharge informationnelle, mais aussi communicationnelle, qui est liée à la multiplication des interactions sur les contenus.
L’auteure consacre son troisième chapitre aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Celles-ci ont eu (et ont toujours) un impact important sur le travail, autant contraignants que facilitateurs. À la fin du chapitre, elle identifie les principaux outils qui causent la surcharge informationnelle: courriel, téléphones et ordinateurs portables, réseaux Internet et intranets, etc.
Au chapitre 4, elle présente les risques associés à la surcharge informationnelle et communicationnelle. Cette surcharge affecterait la qualité du processus décisionnel, mènerait à la baisse de la productivité et au manque de créativité et d’innovation, et présenterait des risques psychosociaux, soit le stress, les tensions musculaires, les troubles du sommeil, etc. L’infobésité aurait même un effet négatif sur l’intelligence.
Le cinquième chapitre est consacré aux solutions externes, technologiques et méthodologiques. Celles-ci passeraient par la gestion des connaissances (knowledge management) et la gouvernance de l’information.
Enfin, le sixième chapitre parle des solutions locales, organisationnelles et individuelles, c’est-à-dire ce que peut faire l’organisation pour dompter le flot d’information à l’interne.
Le principal responsable de l’infobésité est le courrier électronique devenu l’outil de travail et de communication dominant en entreprise. Sachant que l’on ne se contente pas d’envoyer un mail à une personne mais on met la terre entière en copie !
Selon l’Orse, 56% des utilisateurs consacrent plus de deux heures par jour à la gestion de leur boîte mail et 38% reçoivent plus de 100 messages par jour. 65% déclarent vérifier leur messagerie toutes les heures mais le font en réalité bien plus souvent, parfois toutes les cinq minutes.
« Un cadre est interrompu dans une fourchette de temps entre 2 et 8 minutes. C’est presque la torture de la goutte d’eau », affirme Thierry Venin (chercheur au CNRS).
Pour lui, l’entreprise fournit de plus en plus de moyens de connexion (smartphones, extranet…), mais « lâche les gens sur l’autoroute de l’information sans aucun code de la route ». Or, « il faut des règles ».
De nombreuses initiatives ont été prises dans ce sens par les entreprises : déterminer un interlocuteur unique pour le traitement de l’information et la réception des mails, faire une journée par mois « sans mail », ouvrir des espaces collaboratifs, où l’information est stockée, consultable au gré des envies ou besoins des collaborateurs, etc.
Dans une enquête sur le stress au travail, réalisée pour la CFE-CGC, plus de 80% des personnes interrogées estiment que les outils électroniques accroissent les informations à traiter et imposent des temps de réponse toujours plus courts.
Il est peut-être temps de se mettre au régime !
Quelques livres en plus sur le sujet …
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