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Handicap psychique et travail

Les promesses du travail dans le handicap psychique
 
Le 13 février 2015 s’est tenue à l’Université de Bordeaux une journée d’études Handicap psychique et travail intitulée : « De la réhabilitation au rétablissement : les promesses du travail dans le handicap psychique », mêlant l’intervention de différents professionnels : enseignants chercheurs, médecins, chargés d’insertion, psychologues… Revenons sur cette journée.
 
Qu’est ce que le handicap psychique ?
L’environnement économique et professionnel, les exigences accrues de performances et de compétitivité contribuent parfois à la détérioration de la santé mentale d’une partie de la population. Cela pose la question du maintien dans l’emploi et des conditions de travail mais également des réelles possibilités d’insertion professionnelle pour un public fragilisé, car les troubles psychiques entraînent une forte exclusion du monde du travail. Rappelons qu’aujourd’hui 2 % de la population souffre de troubles psychiques.
 

 
On parle de handicap psychique lorsque l’on observe :
« Un dysfonctionnement de la personnalité caractérisé par des perturbations graves, chroniques ou durables du comportement et de l’adaptation sociale. Les troubles psychiques sont plus ou moins intenses, ponctuels ou permanents ou encore plus ou moins précoces. Ils entraînent des itinéraires de vie très différents selon le degré d’autonomie (ou de dépendance) des personnes. Certains malades mènent une existence normale, d’autres vivent de manière plus ou moins permanente en institution ou ont un besoin continu d’aides psychosociales : on parle alors généralement de personnes en situation de handicap psychique».
 
Dépassons les préjugés 
Le handicap psychique se distingue du handicap mental (déficience intellectuelle). Toutes les personnes atteintes de troubles psychiques ou de maladie mentale ne sont pas nécessairement handicapées par les symptômes. Les troubles peuvent parfois être totalement stabilisés et ne pas « gêner » le salarié dans sa vie sociale et professionnelle. Les troubles psychiques et les maladies mentales ne se manifestent pas nécessairement par des symptômes spectaculaires ou délirants. Aussi les personnes souffrant de troubles psychiques ne sont pas «violentes » : aucune étude ne prouve qu’il y ait parmi elles davantage de personnes violentes que dans la population en général. L’expérience prouve que leur violence est plus couramment tournée contre elles. Enfin, toute situation de handicap psychique n’est jamais définitive : les maladies psychiques sont généralement évolutives. Les malades passent par des phases de stabilisation plus ou moins longues, parfois entrecoupées de moments plus difficiles. Il ne faut jamais considérer une situation comme définitivement acquise mais envisager la variabilité de l’état de la maladie. Un aménagement de poste pour un salarié handicapé psychique est tout à fait envisageable en entreprise. Il ne prendra pas la forme d’une compensation technique de la déficience mais peut se réaliser autour de l’accompagnement du salarié ou d’une réorganisation du travail.
 

 
Intégrer dans l’entreprise…
La réussite de l’intégration et les conditions de la compensation vont varier selon le secteur de l’activité, la taille et la culture de l’entreprise. Il est fondamental d’intégrer la question du handicap psychique dans la politique des ressources humaines. La présence d’un salarié souffrant de ce type de handicap génère parfois des inquiétudes auprès des professionnels, craignant souvent une imprévisibilité du trouble. Une sensibilisation de ces derniers semble utile pour atténuer cette pression, améliorer la tolérance en brisant la stigmatisation et induire une progression positive de la personne en situation de handicap psychique. L’appui et l’importance du travail en réseau autour de la personne en souffrance sont également des facteurs indispensables pour lui garantir un cadre de travail suffisamment sécurisant qui permette à la fois son maintien dans l’emploi et la création d’un climat de compréhension du côté de ses collègues.
 
…et accompagner dans le dispositif de l’insertion professionnelle
Des structures spécialisées dans les problématiques spécifiques au handicap psychique par rapport à l’insertion professionnelle représentent un réel appui à la fois pour le salarié et pour l’entreprise en matière d’intégration ou de maintien dans l’emploi.
 

 
Passer d’un objectif de « rémission » à un objectif de « rétablissement » : se rétablir d’une pathologie mentale dans une vie satisfaisante et choisie
Cette démarche inspirée par la psychologie positive, mise sur les forces de la personne. Les piliers du rétablissement sont l’espoir et l’appropriation du pouvoir d’agir. En effet, cette nouvelle optique est une prise de conscience que les déterminants du « devenir de la personne » ne sont plus seulement médicaux, c’est-à-dire la réduction des symptômes et la prévention des rechutes, la restauration des performances cognitives…
On s’appuie sur les ressources propres de l’individu pour surmonter ou dépasser ses limitations qui seront les forces de rétablissement.
 
Aujourd’hui l’idée que l’objectif doit être le rétablissement, plutôt que la rémission implique un changement de priorité, un changement de focus.
Ce qui importe désormais, c’est le réengagement dans une vie active, satisfaisante et dotée de sens pour l’individu, qui doit être le propre acteur de son projet de vie.
Les finalités sont le bien être : mener une vie satisfaisante et donner à la personne la liberté de choisir et de mener la vie qu’elle valorise.
L’accompagnement doit ainsi aller dans ce sens et être un soutien dans le parcours vers ces objectifs.
 
« Je suis une personne pas une maladie ! », le témoignage plein d’espoir et d’humour de Luc Vigneault
Cet homme au rire inimitable, c’est Luc Vigneault. Diagnostiqué schizophrène il y a 20 ans, il est venu du Canada pour témoigner de son expérience.
Aujourd’hui il revendique haut et fort : «  Je suis une personne avant tout, avec des choses à dire, des rêves, des projets, des idées, des forces et un potentiel ».
 

 
Il y a 20 ans, Luc se croyait condamné à devoir passer sa vie dans « un asile de fous ». A cette époque, il occupait ses journées à dormir et avait peu d’espoir de rétablissement. Mais des personnes ont cru en lui et en son potentiel de rétablissement. Alors il s’y est mis à croire aussi. Petit à petit, il s’est remis en mouvement, a identifié ce qui l’animait, ce qui lui donnait le goût de vivre. Dans cette démarche de rétablissement, il a été soutenu, accompagné, aimé, et sa vie s’est peu à peu transformée.
Aujourd’hui, cet homme plein d’humour travaille en tant que pair aidant et consultant à l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Québec. Il avoue qu’au départ l’intégration à titre de pair aidant n’a pas été facile. Mais il a persévéré. Aujourd’hui, il est intégré à l’équipe et grâce à cet emploi, il est en mesure d’aider de nombreuses personnes aux prises avec un problème de santé mentale.
 
Luc Vigneault possède aujourd’hui plusieurs cordes à son arc : il partage son riche savoir expérientiel dans les universités et représente un ambassadeur formidable du rétablissement. Il est également un homme politique qui, en informant le grand public au sujet du rétablissement, il a un impact sur les opinions du grand public et sur des décisions politiques
Luc Vigneault est aussi auteur : en collaboration avec huit intervenants de l’IUSMQ, il a participé à la rédaction du livre « je suis une personne, pas une maladie, la maladie mentale l’espoir d’un mieux-être » publié chez Performance Édition, que vous pouvez vous procurer sur : http://livre.fnac.com/a5270950/Marie-Luce-Quintal-Je-suis-une-personne-pas-une-maladie
 
Cet homme aux activités polyvalentes a fondé sa famille : il souligne l’amour qu’il porte à sa femme et l’importance de cette relation dans sa vie mais nous explique que son épouse n’est ni son intervenante ni son infirmière. Avec son humour inoubliable, il nous raconte qu’elle est uniquement son garde-fou qui n’hésitera pas à le conseiller de consulter un intervenant si elle observe qu’un coup de pouce lui serait nécessaire.
 
Découvrez cet homme passionnant en cliquant sur le lien suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=ZqZgpNVBzeg
 
Merci à Sahar Badouraly pour sa contribution au BLOG IF Coaching

Un commentaire sur « Handicap psychique et travail »

  1. De plus en plus d’entreprises prêtent attention au bien-être de leurs employés. Cependant, pas mal d’autres entreprises ignorent (volontairement ou involontairement) cet aspect qui est essentiel pour la productivité efficace. Des journées thématiques comme celle-ci devraient être organisées plus souvent afin de sensibiliser et alerter sur le phénomène de troubles psychiques liés au travail.

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